Biographie :
Nezha Bourhaitate a grandi dans une famille d’artisans avec un père menuisier, des frères ébénistes, et une mère qui aide occasionnellement à la peinture délicate des arabesques et des fioritures.
Dans cet univers d’essences et de couleurs, elle se voit instinctivement emprunter le chemin des arts et de la création où elle finit par devenir enseignante des arts plastiques dans sa ville mère ; Salé.
Sa passion pour la peinture n’est pas le simple résultat d’une formation académique, elle est plutôt le produit complexe à la fois d’une sensibilité accrue au monde qui l’entoure et du besoin de s’en échapper à travers la danse curative du pinceau.
À l’ombre des années 1990, son amour pour le patrimoine mauresque et pour la noblesse du travail inimitable de l’artisan a orienté son intérêt vers l’héritage architectural des vieilles médinas, source inépuisable d’inspiration, pour en faire l’objet de sa création à travers l’élément de la Porte. Ce projet est resté longtemps en gestation avant de voir le jour dix ans plus tard pour un résultat tout à la fois fidèle à l’œuvre artisanale et propre à l’artiste. Les portes restent aujourd’hui son modèle de prédilection aux côtés d’autres idées en préparation qui s’apparentent toujours au monde mythique des vieilles médinas.

Les portes de Salé, MES portes de Salé :
Dans les contes ancestraux, il faut savoir choisir la bonne porte. L’une s’ouvre sur un abysse sans fond et sans fin, et l’autre sur un monde de bonheur sempiternel. Mais toutes deux sont des protagonistes dans le théâtre mouvant et émouvant du destin.
Pour Nezha Bourhaitate, enseignante d’arts plastiques de profession et artiste peintre par passion, la porte est cette frontière particulière qui, par sa mobilité, permet un dialogue singulier entre l’intime et l’immensité du monde. Plus que le mur, la porte de la vieille médina en particulier est l’unique indice de l’univers introverti de chaque foyer. Derrière chacune de ces portes siègent une vie et des secrets, ne s’ouvrant que pour les proches et les habitués.
Aujourd’hui, tout ce patrimoine architectural est en péril. Jour après jour, des portes majestueuses laissent place à leurs consoeurs de barres et de fer. Dans l’insécurité ascendante, tout un héritage artistique et culturel se meurt, impuissant. C’est ainsi que Nezha a entamé la série des « Portes de Salé », ville où elle a grandi, dans l’idée de participer à la sauvegarde de ce legs culturel et civilisationnel irremplaçable.